Andreï Boreïev - Kevin Creekman

Dans la vie, rien n’est vraiment blanc ou noir, rien n’est vraiment bon ou mauvais. Il y a des zones grises, des gens se situant entre les deux extrêmes. Ni lumière, ni ténèbre, ni gentil, ni méchant, simplement des gens se tenant sur cette ligne extrêmement mince, simplement des gens qui font de leur mieux pour survivre et protéger les gens qui leurs sont chers. Et ce même si lesdites personnes ne sont pas au courant de cette protection… Andreï fait partie de cette tranche de personnes, jouant entre le légal et l’illégal, marchant tel un funambule sur cette ligne entre le bien et le mal. Pourquoi? Pour ne pas recevoir de raclé par sa famille, pour donner l’exemple à ses sœurs et son frère plus jeune, pour les protéger de leurs parents. Parlez d’Andreï Boreïev à Norilsk en Russie et la réaction sera immédiate. Un homme froid, un homme qu’il ne vaut mieux pas emmerdé. Ça ou alors ce seront de jolies demoiselles au cœur blessé qui vous répondront que c'est un homme charmant et galant, mais qui ne reste pas longtemps dans votre vie.  

Mais pour bien comprendre le spécimen commençons par le début. Andreï est le premier d’une fratrie de 5 enfants. Ses parents, des criminels endurcis ayant trempés dans toutes sortes de plans plus sordides les uns que les autres, n’ont jamais réellement se soucier d’eux. Excepté évidemment pour les faire entrer dans leur monde de fou et les impliquer dans leur activités criminels. Andreï étant le plus vieux devait montrer l’exemple, il devait être celui qui prendrait la relève lorsque les parents se feraient trop vieux pour continuer. Cependant voilà, cela n’intéressait pas plus que ça notre grand gaillard. Il avait d’autres rêves pour son avenir. Non pas que jouer dans l’illégalité le dérangeait, mais il aspirait à mieux. Aussi, pendant longtemps il résista. Il refusait de s’impliquer, il faisait autre chose. Ce fut après plusieurs raclés de son père et après avoir réalisé que son frère et ses sœurs payaient parfois pour, qu’il finit par céder et obéir. Brisé, il finit par obéir à tous les ordres, par se refermer sur lui-même et par devenir froid et distant avec tout le monde. Sa carrure et sa musculature imposante, cadeau de son grand-père, étaient quelque chose de précieux pour ses parents et ils ne se gênaient pas pour l’utiliser lorsque besoin s’en faisait sentir. Ses tatouages, sa thérapie, son exutoire afin de ne pas devenir complètement fou, recouvrait à la fin la majeure partie de son corps. Ce qui ne faisait, au final, que le faire paraître encore plus dangereux.

Si lui avait plié pour se protéger et protéger les autres, ce ne fut cependant pas le cas d’une de ses sœurs, Oksana. La jeune femme était têtue et rendait leur père fou furieux de ne pas arriver à la faire plier. De son côté, Andreï admirait et enviait sa sœur. Il voyait pour elle une possibilité d’un avenir meilleur et loin de leur famille. Aussi, sans que personne ne s’en aperçoive, il tentait au mieu de protéger Oksana de leur père. Soit en détournant l’attention de celui-ci lorsque cela était possible ou encore en menaçant discrètement les prétendants qui voulaient la soumettre et résistait au sale caractère de la belle. Ce fut ainsi jusqu’au jour où Oksana ce libéra enfin de sa famille. Ce jour-là, Andreï fut envoyé par son père régler un problème à l’extérieur de la ville. Revenant beaucoup plus tôt que prévu, notre grand barbue découvrit une maison presque vide. Presque parce que seul un cadavre l’attendait dans la chambre d’Oksana. Le regard braqué sur le corps de l’homme, Andreï ne mit pas longtemps à réaliser ce qui s'était produit et une foule d’émotions différentes l’envahit. Il fut en premier lieu fou de rage contre ses parents d’avoir eu cette idée tordue, mais il était aussi heureux et fier pour sa sœur. Fier qu’elle soit enfin libérée, fier qu’elle ait eu le courage d’enfin fuir la maison. Décidant de la protéger jusqu’au bout, il se débarrassa du corps et nettoya toute trace de ce qui s'était produit avant d’aller sous la douche. Lorsque ses parents rentrèrent et lui demandèrent où étaient Oksana et son ami, il leur répondit simplement qu’il l’ignorait et s’en fichait bien avant de sortir trouver une conquête pour la nuit. Le lendemain fut une journée difficile pour notre tatoué. Son père était dans un état de rage comme il ne l’avait jamais vu. Il s'était fait voler de l’argent et sa fille avait disparu. Il allait remuer ciel et terre pour retrouver l’homme qui selon lui était responsable de ça. De l’autre côté, les hommes de l’autre abruti le cherchaient activement. Andreï réalisa aussi que ou que pouvait ce trouver sa sœur elle devait être morte de peur.  

Quelques jours passèrent et finalement tous conclurent que l’abruti et Oksana devait s’être fait prendre et tuer par un autre groupe. Du moins c'est ce qu’Andreï parvint à leur faire croire. Il profita ensuite de l'accalmie pour rechercher sa sœur. Quelle ne fut pas sa surprise d’apprendre qu’elle était partie au Canada. Il décida alors qu’il était temps pour lui de faire un pas vers elle, de la rassurer, de lui dire qu’elle était libre, que personne ne la pourchassait. De toute façon, ses autres sœurs et son frère n'avaient plus besoin de lui, ils étaient assez vieux pour décider maintenant.

Les bagages faits, Andreï voulut partir sans dire un mot, mais ce fut sans compter la fureur de son père. La maison sembla trembler sous les rugissements de l’un et de l’autre, mais cette fois-ci le fils ne plia pas et le père n’osa pas lever la main sur lui. Le grand tatoué n’espérait maintenant plus qu’une chose, c’était que son départ montre aux autres que c’était possible de quitter cette folie familiale. Andreï s’envola donc pour Montréal et la partie du chat et de la souris commença. Il devait l’avouer, sa sœur était douée, même très douée, pour fuir et se cacher. Il passait de ville en ville, la manquant de peu chaque fois et finissant par voir son compte bancaire se vider trop rapidement. Il prit donc quelques petits boulots ici et là, passant de videur dans un bar à chasseur de primes en passant par percepteur pour de petites frappes. Tout boulots étaient bons à prendre en attendant que sa mission principale soit accomplie, trouver sa sœur. C’est ce qui conduisit notre ami ici même à Vancouver où il espère pouvoir enfin la trouver, même si une fois fait, il ne sait pas du tout ce qu’il fera ensuite... 5 ans maintenant qu’il cavalait de ville en ville en espérant pouvoir lui parler, la rassurer et enfin vivre une vie… Normal?