Oksana- Tu peux arrêter de fuir maintenant!

S’étirant tel un chat, Andreï ouvrit un œil pour regarder la place vide dans le lit à ses côtés.Un esquisse de sourire apparut sur ses lèvres en voyant que la belle de cette nuit avait tenu parole. Elle était partie avant son réveil. Il préférait cela ainsi. Non pas qu’il ne serait pas en mesure de remettre ça dès le réveil, mais le fait que sa conquête d’un soir disparaisse avant son réveil évitait la gêne du matin. Andreï n’était déjà pas de base un grand parleur, imaginez donc dès le réveil, avant même son café…  Non, il valait mieux éviter le malaise qu’ils ressentiraient tous les deux à chercher quoi dire. Jetant un regard à son réveil, le grand bourru soupira. Il était encore tôt, mais déjà le sommeil ne semblait pas vouloir lui revenir. Aussi, il se leva lentement et fila sous la douche. À peine l’eau chaude commença-t-elle à couler sur lui que déjà son esprit se mit en route pour faire son horaire de la journée. Il ne travaillait pas ce soir-là, donc il avait presque toute la journée à consacrer à ses recherches. Presque, parce qu’il devait aussi penser à aller faire quelques courses, histoire de remplir son frigo.

Ce fut vers l’heure du dîner qu’il se décida à sortir pour aller à la petite épicerie qui n’était pas très loin. Décidant d’y aller en marchant, il prit son temps pour s’y rendre, profitant de la température qui commençait enfin à ce faire un peu plus clémente. Ses courses rapidement faites, il revint en prenant tout autant son temps, le poids de ses quelques sacs ne le dérangeant pas outre mesure. Ce fut en tournant à un coin de rue qu’il tomba nez à nez avec… Oksana... Le nom avait franchi ses lèvres dans un souffle alors que ses sacs tombaient au sol sous la surprise. 5 ans qu’il la cherchait et il la rencontrait finalement en pleine rue en allant faire ses courses. Le regard sombre du grand brun observait la jeune femme devant lui. Il n’en revenait tout simplement pas et ne savait plus du tout quoi dire. Lui qui avait répété des milliers de fois ce qu’il allait dire le jour ou il la retrouverait, le voilà muet face à elle, des milliers de souvenirs lui revenant en tête.

Figé, Andreï regardait sa petite soeur. Ses sacs maintenant au sol, il ne s’en préoccupait plus du tout puisqu’il avait devant lui celle qu’il cherchait depuis maintenant 5 longues années. Lui qui avait pensé tellement souvent à ce qu’il lui dirait une fois qu’il l’aurait enfin trouvé, il avait l’impression de ne même plus savoir comment parler tellement il était surpris. Il n’avait cependant pas eu le temps de préparer sa soeur à cette rencontre, il n’avait pas eu le temps de tâter le terrain et ce qui devait arriver arriva… Oksana se mit à courir.

Ce fut comme un coup de poing pour Andreï qui revint enfin de sa surprise et se mit à courir derrière sa sœur. Oksana attend! Il sprinta un moment, étonné par la vitesse de sa frangine à fuire. S’il te plait! Je veux juste te parler 2 minutes! Finissant par la rattraper, Andreï se mit à sa hauteur sans toutefois la toucher, courant simplement à côté d’elle. Tu peux t’arrêter? Promis, je ne te touche pas. Écoute juste ce que j’ai à te dire en ensuite tu partiras si tu veux... Andreï devait avouer à ce moment qu’il était heureux de s'entraîner et d’être en forme, car la peur, surtout aussi puissante que celle que sa sœur devait ressentir, donnait beaucoup de force pour courir…

Andreï avait cherché sa sœur tellement longtemps que maintenant qu’il l’avait devant lui, il était hors de question de la laisser filer sans lui avoir parlé. Il savait très bien pourquoi elle courrait ainsi et voulait la rassurer. Plus personne de la famille ne lui ferait du mal. Elle devait savoir qu’elle n’avait plus rien à craindre, qu’elle pouvait désormais faire sa vie en paix. Il se mit donc à courir après elle, nourrissant par le fait même un ou plusieurs sans abris en laissant ses sacs au sol. Sachant qu’elle devait être effrayée, il ne fit que la rattraper, sans toutefois tenter de l’arrêter de force. Il courait tout simplement à ses côtés en lui demandant de s’arrêter et de juste l’écouter, lui promettant qu'il ne la toucherait pas.  

Lorsqu’enfin elle arrêta de courir, ce fut pour se tenir à bonne distance de lui et l’aviser qu’il n’avait que deux minutes et de ne rien tenter. Levant les deux mains, Andreï recula même d’un pas supplémentaire pour lui prouver qu’elle ne craignait rien. Deux minutes alors. Je te dis l'essentiel et après si tu veux en savoir plus se sera à toi de voir.    Le russe poussa un soupir en laissant tomber ses mains le long de son corps. Deux minutes, 120 secondes, c’était très court pour tout ce qu’il avait à dire aussi il planta son regard sombre dans celui de sa sœur et décida de tout balancer d’un coup. Pas de gant blanc, pas de détour, il n’avait pas assez de temps pour ça. Tu n’as plus à fuire ou te cacher, j’ai fait en sorte qu’ils te croient tous morte à la maison. Si j’avais su l’idée débile que notre cher père avait derrière la tête j’aurais tué ce type moi même… Andreï baissa le regard, pour la suite il devait piler sur son orgueil et sa le faisait royalement chier, mais il le devait à sa soeur. Je suis désolé… Je n’ai pas été assez subtile avec le dernier que j’ai fait fuir et je crois que père s’en ai apperçu, ses pour ça que j’ai été laissé hors du coup pour le connard, que je n’ai pas pu intervenir cette fois... Relevant le regard, il soupira en regardant sa sœur. Mais voilà, tu es libre maintenant. C’est tout ce que je voulais te dire...   Du fin fond de son âme, il espérait que Oksana ne partirait pas tout de suite, qu’elle veuille en savoir plus afin qu’il puisse la voir un peu plus longtemps.

2 minutes ce n’était pas beaucoup pour ce que le russe voulait dire à sa soeur. Il aurait aimé la retrouver autrement, y aller plus doucement et surtout avoir plus de temps avec elle pour bien choisir ses mots afin de tout lui expliquer. Cependant, il n’avait pas cette chance et il devait faire avec. Il l’avait enfin devant lui et pouvait maintenant lui dire ce qu’il tenait tellement à lui dire. Il se doutait bien qu’il aurait beaucoup de difficulté à faire en sorte qu’elle le croit, mais il lui devait la vérité, la suite ne dépendrait que de elle. Il commença par lui dire qu’elle était libre, ce qui selon lui, était le plus important. Sa réponse lui fit lâcher un minuscule rire sarcastique. Te ramener à la maison signifirait autant ton arrêt de mort que le mien... S’il devait lui même remettre les pieds là-bas, sa vie se verrait certainement écourtée vue la manière dont il était partie. Si en plus il devait revenir avec Oksana…

Andreï poursuivit son discours, pilant sur son orgueil et lui avouant qu’il avait mal fait son boulot. Il avait échoué à la protéger et elle avait bien failli en payer le prix fort. Là encore, la réponse de sa sœur ne le surprit pas. Me faire rager? Bien au contraire Oksana, je t’admirais de ne pas plier. Je comprend que c’est difficile à croire, mais je t’ai fait éviter bien des coups et plusieurs hommes. Le faire savoir était juste… Trop dangereux. Regarde ce qui est arrivé lorsque père s’en ai apperçu. Le russe aurait aimé prouver à sa soeur qu’il disait la vérité, qu’il l’avait toujours d’une certaine façon du moins protégé, mais il ne savait pas comment.

Andreï soupira en se passant la main dans les cheveux en entendant la dernière réponse de sa sœur. Après tout ce qu’elle avait vécu et après le comportement qu’il avait toujours eu devant elle, comment pourrait-elle le croire? Je comprend que ce soit difficile à croire. S’il y avait une façon de te prouver que ce que je dis est vrai, je te jure que je le ferais. C’est à toi de voir si tu veux me croire ou non... Baisser sa garde avec la famille qu’ils avaient serait difficile autant pour un que pour l’autre de toute façon. Alors Andreï pouvait imaginer à quel point ce devait être difficile pour Oksana de le croire.

Le grand bourru fit un petit sourire en coin à la question de sa sœur. Même ce genre de sourire devait avoir été vu rarement lorsqu’ils étaient à la maison, mais il était vrai qu’il n’avait jamais vraiment eu de raison de sourire là-bas. Oui, je suis seul, en cavale comme toi après avoir envoyé promener notre père. Je t’ai cherché simplement pour te dire tout ça, pour que tu saches qu’ils te croient morte et que tu as la paix maintenant. Maintenant que c’est fait je vais… Tenter de faire ma propre vie aussi j’imagine. Andreï aussi une épaule, réalisant qu’il n’avait jamais réfléchi à ce qu’il ferait ensuite. Lui aussi était libre de faire ce qu’il voulait de sa vie maintenant… Baissant le regard un moment, le grand brun réfléchit un moment avant de reprendre la parole. As-tu trouvé ce que tu allais faire de ta vie? As-tu besoin de quelque chose? Ne sachant si elle voudrait le revoir ensuite, notre grand bourru voulait au moins s’assurer qu’elle s’en sortait bien avant de la revoir disparaître.